Des morts de la shigatoxine en 2011

Tout savoir sur la bactérie ECEH et ses conséquences

source : rts.ch, 6 juin 2011 à 12 :14 - Cécile Rais avec les agences

Après la fausse piste du concombre espagnol, les soupçons se portent désormais sur des graines germées d'une entreprise allemande comme vecteur de transmission de la bactérie ECEH qui a fait 22 morts en Europe. Que sait-on exactement à ce jour? Comment se fait la transmission? Comment se prémunir? Les réponses aux questions qu'on se pose.

Hypothèse : Quelle est la source de l'épidémie ?

Le vecteur de la bactérie ECEH (Escherichia coli entérohémorragique ou E.Coli) reste toujours incertain mais de nouveaux éléments laissent à penser que des germes de différentes graines produits dans une entreprise du nord de l'Allemagne pourraient être en cause. Les autorités allemandes n'en ont pas encore la confirmation mais elles conseillent déjà de ne plus en consommer. Les germes produits dans une exploitation de la région d'Ülzen, entre Hambourg et Hanovre, permettent en effet de remonter jusqu'à des personnes intoxiquées dans cinq Länder. De plus, plusieurs restaurants ont vu leurs clients tomber malades après avoir consommé des haricots Mungo de cette source. L'exploitation en question a été fermée et sa production est en cours de rappel.

Germes de haricot mungoInformations[*]

Qu'est-ce que c'est que ces germes ?

Au total, dix-huit germes sont suspectés. Il s'agit de graines de soja, de haricots, de brocolis, de lentilles et de radis notamment.

Le concombre espagnol n'est donc pas en cause ?

Dans un premier temps, les autorités de Hambourg, principal foyer de l'épidémie, ont soupçonné les concombres espagnols d'être à l'origine de la contamination. Mais des tests ont montré que ce n'était pas le cas et la Commission européenne a confirmé que les concombres n'étaient pas en cause.

Des concombres d'Espagne ont été suspectés d'être l'un des vecteurs de transmission de la bactérie ECEH. L'enquête montra qu'ils n'étaient pas responsables.Informations[*]

Méthode : Quels sont les choses à faire et à ne pas faire pour se prémunir ?

Depuis les nouveaux soupçons concernant des germes, l'Office fédéral de la Santé publique n'a pas changé ses recommandations. Les autorités allemandes conseillent en revanche toujours d'éviter les légumes crus (tomates, concombres, salades) mais elles ont ajouté les graines germées et les jeunes pousses. Pour se protéger des infections dues à l'ECEH et de toutes autres maladies d'origine alimentaire, l'OFSP[*] donne les conseils suivants. Laver et éplucher soigneusement les légumes et les fruits avant de les consommer. Les légumes cuits peuvent être mangés sans crainte. Veiller à une bonne hygiène personnelle et se laver régulièrement les mains, surtout après être allé aux toilettes. Ne pas apprêter d'aliments lorsque l'on souffre de diarrhée. Bien cuire la viande présentant des risques particuliers (produits à base de viande hachée, volaille). Conserver et apprêter la viande crue séparément, lors de grillades en particulier. Laver et sécher immédiatement et soigneusement les surfaces et objets ayant été en contact avec de la viande crue.

Définition : Quelle est la bactérie responsable de l'épidémie ?

L'épidémie est due à une souche inédite de la famille des Escherichia coli entérohémorragiques (aussi appelées ECEH ou E.coli), des bactéries présentes dans le tube digestif de l'homme et des animaux à sang chaud dans tous les pays industrialisés. En Suisse, 50 à 70 cas avérés d'infection à l'EHEC sont déclarés chaque année. Mais la souche qui sévit actuellement est différente des autres: elle est très virulente et peut se révéler mortelle. Selon l'Organisation mondiale de la santé, cette souche n'a jamais été détectée sur aucun patient jusqu'à présent. Son nom exact est le suivant: 0104:H4 (Stx2-positive, eae-négative, hly-négative, ESBL, aat, aggR, aap).

Attention : Comment se transmet la maladie ?

La transmission des bactéries Escherichia coli à l'homme se fait par la consommation d'aliments contaminés. Les principaux aliments à risques sont la viande consommée crue ou insuffisamment cuite, le lait cru ou les produits laitiers au lait cru, ainsi que les végétaux consommés crus (salades et légumes par exemple). La bactérie peut aussi se propager par contact direct avec une personne infectée, via des matières fécales. La transmission à l'homme peut enfin se faire par contact direct avec des animaux contaminés ou avec l'environnement contaminé par leurs excréments. Pour la souche qui sévit actuellement, on ignore encore quel est le vecteur exact de la maladie.

Définition : Comment se manifeste la maladie ?

Les bactéries de type ECEH peuvent provoquer de simples diarrhées ou des diarrhées hémorragiques ainsi que des maux de tête et de vives douleurs au ventre. Dans les cas les plus graves, les malades sont atteints de troubles rénaux sévères, voire mortels, appelés syndrome hémolytique et urémique (SHU). L'incubation est de 7 à 15 jours après consommation d'aliments contaminés ou contacts avec des animaux contaminés.

Un médecin vérifie un échantillon de bactérieInformations[*]

Méthode : Quand faut-il s'inquiéter, quand faut-il consulter ?

Selon l'OFSP[*], toute personne qui présente des symptômes de diarrhées persistantes ou hémorragiques et qui pense avoir contracté l’infection, par exemple après un séjour en Allemagne ou des contacts étroits avec des personnes déjà infectées, doit consulter un médecin dans les plus brefs délais. Il faut toutefois noter qu'une diarrhée peut avoir de multiples causes et qu'une infection à l’ECEH est rare.

Rappel : Comment a-t-on découvert l'épidémie ?

Le 24 mai dernier, les autorités sanitaires allemandes révèlent avoir constaté depuis le début du mois une multiplication des affections dues à la bactérie ECEH. A cette époque-là, plus de 80 patients souffrent de troubles graves, notamment de Syndrome hémolytique et urémique, qui peut être mortel. La région de Hambourg, dans le nord du pays, est l'un des principaux foyers de l'épidémie. Il semble que toutes les personnes atteintes aient transité par l'Allemagne.

Définition : Quel est le bilan de l'épidémie à ce jour ?

Après s'être répandue très rapidement durant plusieurs jours, l'épidémie semblait se stabiliser ces derniers jours.Au total dans les pays membres de l'Union européenne, 1605 cas de contamination ont été recensés et 658 autres présentent le syndrome hémolytique et urémique. Le bilan total de l'épidémie était lundi 6 juin à 22 morts (21 en Allemagne et un en Suède). En Suisse, trois cas d'infection ont été enregistrés, mais les malades ne présentent pas de complications.

Complément : Chronologie de l'épidémie

24 mai :

les autorités sanitaires allemandes indiquent avoir constaté depuis le début du mois une multiplication des affections dues à la bactérie Escherichia coli entérohémorragique. Le nord de l'Allemagne, notamment Hambourg, est particulièrement touché.

25 mai : des concombres, des tomates et des salades consommés crus seraient à l'origine de la propagation de la bactérie, selon ministère de l'Agriculture allemand.

26 mai :les autorités sanitaires allemandes identifient trois concombres provenant d'Espagne comme étant des vecteurs de transmission de la bactérie, et un autre dont l'origine demeure inconnue. La Commission européenne émet une alerte au concombre espagnol contaminé, faisant état d'au moins deux morts en Allemagne. Les autres pays touchés sont la Suède, le Danemark, le Royaume-Uni et les Pays-Bas.

27 mai :en Allemagne, trois nouvelles morts suspectes répertoriées. La Suisse fait état d'un premier cas probable. "Rien ne prouve" que la contamination vienne d'Espagne, selon le ministre espagnole de l'Agriculture.

28 mai :huit nouveaux décès dans le nord de l'Allemagne. Trois cas suspects d'intoxication alimentaire en cours d'investigation en France.

29 mai :l'Autriche annonce le retrait d'une trentaine de magasins de concombres provenant d'Espagne. Les Pays-Bas cessent leurs exportations de légumes vers l'Allemagne

30 mai :annonce de quatre nouveaux décès en Allemagne. La Russie interdit les importations de légumes allemands et espagnols, la Belgique, les importations de concombres en provenance des distributeurs espagnols.

31 mai :annonce du quinzième mort en Allemagne. Décès en Suède d'une femme contaminée pendant un séjour en Allemagne. Premier cas "hautement suspect" en Espagne. En Allemagne, les premiers tests effectués sur deux concombres espagnols révèlent qu'ils ne sont pas porteurs de la bactérie responsable de l'épidémie. L'Espagne et les Pays-Bas réclament des compensations de l'UE après l'effondrement de leurs ventes de légumes.

1er juin :annonce d'un nouveau décès en Allemagne. L'Union européenne est confrontée à "une crise grave" et tout doit être mis en oeuvre pour identifier le plus rapidement possible la cause de l'épidémie, indique le commissaire européen chargé de la Santé. L'UE confirme que le concombre espagnol n'est pas responsable de l'épidémie.

2 juin :le bilan atteint 17 morts en Allemagne.

3 juin:le nombre d'infection est stabilisé, mais on ignore toujours le vecteur de la bactérie.

4 juin:le mystère demeure. La presse allemande lance de multiples hypothèses, accusant des restaurants du nord du pays et évoquant même un acte intentionnel.

5 juin:les autorités allemandes annoncent que les soupçons se portent désormais sur des graines germées vendues par une entreprise allemande.

Rappel : Bactérie ECEH : 50 morts (bilan)

source : le 30 juin 2011 l'AFP[*] a publié le bilan de l'épisode «Bactérie ECEH» :

Le bilan de la bactérie Eceh s'est alourdi à 50 morts dont 48 en Allemagne, après le décès d'une septuagénaire allemande et d'une personne aux Etats-Unis, selon des informations des autorités allemandes et de l'Organisation mondiale de la santé (OMS).

"Une femme de la région de Hanovre (nord) est morte hier en rapport avec l'épidémie de la bactérie Eceh. Cette femme de 74 ans est décédée d'un syndrome hémolitique urémique (SHU)", une complication grave de la maladie entraînant des défaillances des reins et neurologiques, a annoncé ce soir un porte-parole des autorités locales, Nils Meyer.

Par ailleurs, une personne est décédée aux Etats-Unis d'un SHU et la présence de la souche très virulente de la bactérie à l'origine de l'épidémie (O104:H4) est confirmée, selon le dernier bilan de l'OMS, publié sur le site internet de l'organisation.

La souche O104:H4 de la bactérie E.coli entérohémorragique (Eceh) a fait à ce jour 48 morts en Allemagne, un en Suède et un aux Etats-Unis, ce qui porte le bilan à 50 décès. Selon l'OMS, 4.050 cas d'infections ont été confirmés dans 16 pays (14 pays européens, le Canada et les Etats-Unis), dont plus de 3.900 rien qu'en Allemagne. Le nombre de nouveaux cas recensés baisse régulièrement depuis le pic de la maladie le 30 mai, ont souligné les autorités sanitaires allemandes.